Certains naissent bergers, certains autres le deviennent.
Je ne suis pas née bergère mais dans mes plus lointains souvenirs, celui de traverser la cour pour rejoindre mon grand père et aller aux brebis, revient régulièrement.
C'est un ancrage.
Qui fut caché quelques années durant, tandis que, passant de l'équitation de mon enfance à la photographie parisienne, je naviguais au gré de mon envie d'apprendre et de découvrir métiers, expériences et rencontres humaines.
Mes pas furent guidés vers les Alpes où mon frère expérimentait l'installation en élevage ovin et caprin laitier.
Transhumances, alpages et fromages eurent ma préférence durant plusieurs mois voire quelques petites années.
Puis le cheval revenant au galop, une formation de moniteur au compteur et me voilà chevauchant les montagnes, croisant quelques troupeaux par ci par là.
Non que la montagne me déplut, ou que je m'ennuyais des plaines.
Il se tramait cependant, sur la ferme natale, quelques projets qui ne me laissèrent pas indifférente, ainsi qu'une rencontre qui achevât de me décrocher de mes sommets.
S'en suivirent alors d'autres rencontres et de nombreuses idées cherchant à voir le jour.
Le première retenue fut donc de remettre au goût du jour les bergers, heu non, les brebis !
Car dans cette vallée de Seine qu'est la Bassée, les moutons eurent leur place dans les prairies humides alors que le drainage n'existait pas et que les tracteurs laissaient encore de la place aux animaux.
Pour mettre en place du pâturage, il faut, soit, des clôtures, de bonnes clôtures !!! soit un berger (ou une bergère bien sûr ! )
Ah, j'oubliais, évidemment, il faut surtout : des brebis.
Que nous avions donc sous la main grâce à Mathieu, fervent lanceur du projet et heureux propriétaire d'une centaine d'Hampshire Down (voir explication sur cette race un peu plus loin).
Nous avions donc des brebis, une bergère, un peu de matériel et il nous manquait juste un petit truc.... vous voyez vraiment pas ???
Un chien évidemment !!!
Parce qui si un chien ne fait rien sans berger, un berger lui, en fait encore moins sans son chien !
Nous voici donc en quête d'un chien.
Deux candidats passèrent, en vain, le choix n'est pas simple et l'adaptation maître chien n'est pas aisée.
Finalement la première solution fût apportée par Bernard (berger de bord de Loire, qui a d'ailleurs bien d'autres rôles dans l'histoire ) qui prêta donc Bonnie, Border Collie de son état et également chien excellent !
Soutenus de toutes parts par les amis et toutes les personnes bienveillantes de notre entourage, nous avons donc emmené les brebis sur les sites de carrières (extraction de sables et granulats) réaménagées et jusque lors entretenues uniquement par broyage.
L'aventure commença donc avec 180 animaux, brebis et agneaux confondus.
Durant tout ce temps, les réflexions furent nombreuses quant aux statuts à adopter par les uns et les autres.
Mathieu étant jeune agriculteur en installation ne pouvait soutenir à lui seul mon activité.
L'association PPP fut alors créée avec plusieurs objectifs liant le respect et la protection des milieux naturels et la création d'activités économiques autour de ces milieux. Elle est donc porteuse de la partie éco-pastoralisme.
Quant à la bergère, c'est-à-dire moi, je trouvais refuge auprès de la couveuse d'activité agricole des Champs des Possibles afin de créer une petite troupe de brebis, menée conjointement à celle de Mathieu.
Cela me permet de tester mon activité d'élevage avant de me lancer dans l'installation agricole à proprement parler.
Je suis soutenue juridiquement, administrativement et financièrement.
Nous avons eu recours à quelques prêts solidaires (AMAP, CIGALES, privés) afin d'acheter une cinquantaine de brebis et 3 béliers.
Mathieu a contribué avec l'achat de 20 agnelles et 1 bélier, ainsi que d'autres personnes qui ont acheté quelques brebis avec leur fonds propres.
Me voici donc, à l'heure actuelle, à la tête de 80 brebis solognotes, Clun Forest et croisées du bord de Loire ; ainsi que 130 brebis Hampshire.
Avec les agneaux, nous fûmes donc montés, cette saison, à une troupe de 400 têtes !!!
Pour les questions techniques ovines, je travaille avec Bernard Girard qui est mon tuteur au sein de la couveuse et qui me guide et me conseille.
Mathieu tient également ce rôle sur certains points ainsi qu'un éleveur de l'Orne qui connait bien les Hampshire et les Clun Forest.
Pour en revenir à nos histoires de chien, Bonny, si douée soit elle, ne peut pas travailler toute la saison toute seule.
J'ai donc acheté l'année dernière, une jeune chienne Border Collie nommée Houlaoups, elle a actuellement un peu plus d'un an et est en apprentissage.
Bonny n'étant pas à moi et un seul chien ne suffisant pas, je me suis donc mise en quête d'une nouvelle recrue.
J'ai alors croisé la route d'Héclipse, Berger de Beauce de 18 mois, qui travaille déjà aux brebis et qui vient garder les brebis avec moi tous les jours.
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